Dans
cette deuxième partie de notre dossier, nous continuons à découvrir
point par point, les quelques secrets de l'art de raconter les histoires selon
Pixar, dévoilés par Andrew Stanton lors d'une conférence
à Los Angeles en octobre dernier.
Autre
point important à garder en tête, c'est de connaître son
univers. La fantaisie exige des règles, dans un monde imaginaire, il
vous faut établir des règles et des lois, qui peuvent être
aussi loufoques que vous le voulez, mais pour qu'elles paraissent consistantes,
il vous faut être fidèle à ses règles. Par exemple
dans l'univers de Monstres et Cie, la ville est peuplée uniquement de monstres,
donc le mobilier doit être adapté en fonction (taille, formes...).
Un élément clé de la satisfaction du public est en fait composé
d'un brin d'anticipation mélé à une once d'incertitude. Si
vous ne suivez aucuné règles, il n'y a rien à anticiper,
tout peut arriver et donc en fin de compte, rien n'a de réelle importance.
Dans Monstres et Cie, l'un des points cruciaux du développement fut l'invention
de la règle qui veut que les cris des enfants étaient de l'énergie
pour l'univers des monstres. Cela donne de la structure au film et l'histoire
arrive facilement une fois ceci établi.
L'écriture
c'est comme l'archéologie. Continuez à creuser et jeter ce qui
ne convient pas. Ecrivez, réécrivez et réécrivez encore
et surtout, n'ayez aucun regrets à jeter les idées qui ne conviennent
pas.
Pas
de flashbacks! Dans les premières ébauches du Monde de Nemo,
Stanton explique que le film commencait sur la scène où Nemo et
son père allait à l'école, l'histoire de Marlin et sa femme
Coral ainsi que son meurtre étaient racontés dans une série
de flashbacks tout au long du film. Le problème était que le public
ne réalisait que trop tard pourquoi Marlin était un père
aussi abusivement protecteur, moment où le public avait déjà
leur opinion trop négative sur le personnage. Andrew Stanton s'est donc
convaincu de supprimer les flashbacks et de ne raconter que ce qui est vital pour
l'histoire, et de le raconter chronologiquement.
La
théorie du 2+2: Notez bien que ce n'est pas la théorie du 2+2=4,
mais du 2+2 tout court. En effet, l'histoire ne donne pas toutes les réponses,
c'est au public de les trouver. C'est au scénariste de donner aux spectateurs
les éléments-clés afin de leur permettre de se faire une
idée. Le public aime "participe" au film, si on leur apporte
tout sur un plateau il n'y a pas de plaisirs de la découverte. Ne dites
pas tout.Comme exemple, Andrew a passé un enregistrement audio d'une pièce
de Mike Nichols:
[Le
téléphone sonne]
[voix masculline]: "Allô?"
[voix
féminine]: "Allô, c'est ta mère . . . tu te souviens
de moi?"
Avec ces quelques mots, le public a tous les éléments dont
il a besoin pour se faire une idée du background des personnages et connaître
la situation.
Découvrir
la vérité de façon indirecte: Laissez les sensations
de suspense et de découverte travailler dans la tête des spectateurs.
Pour
finir, découvrons quelques devises qui font partie intègrante de
la Philosophie Pixar: